» Sans la libertĂ© de blĂąmer, il n’est point d’Ă©loge flatteur. » Les cĂ©lĂšbres mots de Figaro, qui fondent la libertĂ© de la presse, sont l’aboutissement de trois siĂšcles de dĂ©bats, dont cet ouvrage retrace les grandes Ă©tapes.
De la crĂ©ation de l’Index romain au systĂšme de la permission tacite, la libertĂ© d’expression a en effet une longue histoire. Elle commence dans la seconde moitiĂ© du XVe siĂšcle lorsque se multiplient les voix contestataires de l’ordre Ă©tabli. Mais les pouvoirs des censeurs _ Sorbonne, Parlement, Conseil du roi, AssemblĂ©e du clergĂ© _ ont souvent des objectifs diffĂ©rents et leur rivalitĂ© favorise en fait un certain pluralisme de la pensĂ©e.
Dans la France d’Ancien RĂ©gime, le contrĂŽle culturel a une autre dimension: c’est la formation des esprits, par l’Ă©ducation, la prĂ©dication, la lecture, la propagande. L’Etat s’intĂ©resse avant tout Ă la formation des Ă©lites et nĂ©glige la culture populaire, dont seule s’occupe l’Eglise. Paradoxalement, le pouvoir royal, en s’affirmant, a affaibli la censure en mĂȘme temps qu’il a accru le fossĂ© culturel entre une Ă©lite, de plus en plus ralliĂ©e aux vues profanes et terrestres de l’Etat, et des couches populaires entretenues dans des espoirs eschatologiques par l’Eglise.
Georges Minois, agrĂ©gĂ© et docteur en Histoire, docteur d’Etat, est membre du Centre international de recherches et Ă©tudes transdisciplinaires (CIRET). Historien des mentalitĂ©s religieuses et des rapports Eglise-pouvoirs, il a publiĂ© de nombreuses Ă©tudes dans ce domaine, en particulier, chez Fayard, Le Confesseur du roi, L’Eglise et la science, l’Eglise et la guerre, Histoire des enfers.




